On connaît le travail posté et ses équipes de nuit, des collaborateurs qui inversent leur rythme jour/nuit, pour un temps, en tout cas. Les « intercesseurs noc- turnes » que je connais ne sont pas des gens qui, le jour venu, se reposent pour reprendre des forces; au contraire, ce sont plutôt des hyperactifs et non des contemplatifs. Ainsi Heinz Baumann, agriculteur dans l’Emmental : «Je suis trop occupé en journée. Il ne me reste que la nuit pour prier. Dormir ? On aura tout le temps au Ciel ! »plaisante ce grand-père de soixante- trois ans. La liste de ses activités impressionne: gouverner, bien sûr, y compris tous les travaux pratiques et manuels pour lequel il se dit naturellement doué. De plus, se- lon une direction divine reçue, il a lancé un projet de moulin pour traiter, sécher et stocker le grain. Et, dans le milieu chrétien, il a presque toujours été très actif dans le domaine de la jeunesse, de l’enseignement et du leadership. « Mes projets, mes soucis, je les sou- mets aussi au Seigneur, je lui ai tout remis, je n’ai au- cun hobby sinon de le servir », résume-t-il sobrement.
LE TEMPS S’ÉCOULE DIFFÉREMMENT
Heinz Baumann n’a pas découvert la prière nocturne en s’engageant dans la Muraille. Il se souvient avoir participé il y a plusieurs décennies à une chaîne de prière, sous le nom d’« Eau vive » avec des gens deson entourage. L’agriculteur se rendait souvent sur une colline de son domaine, un petit becquet que son aïeul avait baptisé « Sinaï ». « J’y ai passé des heures et des heures en prière. Depuis deux ou trois heures du matin, jusqu’à l’aube », explique-t-il. La prière de nuit, Heinz Baumann l’a toujours pratiquée seul. Le temps s’écoule différemment, la nuit ; on ne le voit pas passer. C’est dire aussi qu’on est moins stressé, notamment parce qu’il n’y a plus aucune sollicitation extérieure, téléphone ou texto. L’on est entièrement disponible. Une autre chose qui différencie selon lui la prière de jour et de nuit, c’est la sensation de nudité devant Dieu: « Il n’y a plus personne à impressionner. Aucun être humain n’entend nos prières et ne peut nous encourager. Cet isolement est propice à un net- toyage intérieur. Le Seigneur éclaire tout ce qui lui dé- plaît. Et combien il me parle dans ces moments ! »
L’AUBE, UNE PERCÉE SPIRITUELLE
Dernier élément, la prière de nuit rend plus attentif aux éléments naturels et encore plus pour un « p’tit gars de la ferme » comme Heinz Baumann se définit. L’aube rime souvent pour lui avec une percée spiri- tuelle, après deux, trois heures de prière. Et son intercession, qu’est-ce qui l’anime ? « C’est le Seigneur qui m’inspire directement. Parfois, c’est pour les gens, pour les autorités, la Suisse, parfois pour Israël », confie-t-il encore. Fort occupé, plus tout jeune, Heinz Baumann prend ainsi une, parfois deux fois la semaine le temps de cette prière nocturne. « Dieu m’a donné la force », c’est tout.
Et s’il devait résumer en un seul mot son expérience ? « Puissant ! »